mercredi 14 novembre 2018

Vivaldi, Sonnets des quatre saisons





Vivaldi, Sonnets des QUATRE SAISONS



Cette traduction inédite cherche à approcher le rythme d'un sonnet et à restituer,

à défaut de rimes, des jeux de sonorité.




Primavera

Giunt'è la primavera e festosetti
la salutan gli augei con lieto canto
e i fonti allo spirar de' zeffiretti
con dolce mormorio scorrono intanto.

Vengon coprendo l'aer di nero ammanto
e lampi e tuoni ad annunziarla eletti;
indi, tacendo questi, gli augelletti
intonan di nuovo al lor canoro incanto.

E quindi sul fiorito ameno prato
al caro mormorio di fronde e piante
dorme 'l caprar col fido cane a lato

di pastoral zampogna al suon festante
danzan ninfe e pastor nel tetto amato
di primavera all'apparir brillante



 


Estate
Sotto dura stagion dal sole accesa
langue l'uom, langue il gregge ed arde il pino,
scioglie il cucco la voce, e tosto intesa
canta la tortorella e 'l gardellino.

Zeffiro dolce spira, ma contesa
muove Borea improvvisa al suo vicino;
e piange il pastorel perché sospesa
teme fiera borasca e 'l suo destino

Toglie alle membra lasse il suo riposo
il timore de' lampi e tuoni fieri
e di mosche e mosconi il stuol furioso

Oh, che purtroppo i suoi timor son veri:
tuona e fulmina il ciel e grandinoso
tronca il capo alle spiche e a' grani alteri


 




Autunno
Celebra il villanel con balli e canti
del felice raccolto il bel piacere,
e del liquor di Bacco accesi tanti
finiscono col sonno il lor godere

Fa ch'ognuno tralasci e balli e canti
l'aria che temperata dà piacere
e la stagion che invita tanti e tanti
d'un dolcissimo sonno al bel godere

I cacciator alla nov'alba a caccia
con corni, schioppi e cani escono fuore;
fugge la belva e seguono la traccia.

Già sbigottita e lassa al gran rumore
de' schioppi e cani, ferita minaccia
languida di fuggir, ma oppressa muore









Inverno
Agghiacciato tremar tra nevi algenti
al severo spirar d'orrido vento
correr battendo i piedi ogni momento
e per soverchio gel battere i denti

Passar al fuoco i dì quieti e contenti
mentre la pioggia fuor bagna ben cento
Camminar sopra il ghiaccio, e a passo lento
per timor di cader girsene intenti.

Gir forte, sdrucciolar, cader a terra,
di nuovo ir sopra 'l ghiaccio e correr forte
sin che il ghiaccio si rompe e si disserra;

sentir uscir dalle ferrate porte
Sirocco, Borea e tutti i venti in guerra;
questo è 'l verno, ma tal che gioia apporte


Printemps

Revoici le printemps : les oiseaux réjouis
lui font fête, le saluent d'un gai gazouillis ;
sous le souffle léger de l'inconstant zéphyr,
les sources coulent un clair et doux murmure.

Mais voilà que surgit et qu'assombrit l'azur
le manteau lourd et noir des éclairs, du tonnerre :
l'orage est proche ; sitôt s'est-il estompé,
les oiselets se reprennent à pépier.

Le chevrier, sur l'herbe tendre et fleurie,
son chien fidèle à ses côtés,
s'endort, à l'ombre bruissante des charmilles,

tandis qu'au son joyeux de la musette
dansent les nymphes, dansent les bergers
dans tout l'éclat du printemps retrouvé.


Eté

La chaleur épaisse qu'embrase le soleil
accable l'homme, alanguit le troupeau, calcine la forêt ;
le coucou égrène ses notes l'une à l'autre pareilles,
la tourterelle au loin parle au chardonneret.

Une brise à peine respire, quand soudain
le vent venu du Nord bouscule et menace
le berger ébaubi, qui pressent la bourrasque
imminente, et redoute les coups du destin.

La crainte de l'averse, des éclairs, de la foudre,
met un terme au repos de son corps fatigué,
tourmenté par le vol bourdonnant de mouches agacées.

Il avait, hélas, bien raison de trembler :
les cieux grondent, ils s'allument, et la grêle
couche et fauche les tiges déjà hautes.


Automne

Le village, dans les chants et les danses,
festoie : la récolte a été opulente ;
enivré par le jus de la treille,
l'un ou l'autre s'abandonne au sommeil.

Car l'air est tiède, et sa clémence
peu à peu assagit les danseurs ;
la saison les invite au bonheur,
à la pause, à la trêve dans l'abondance,

avant qu'à l'aube fraîche le chasseur,
et ses cors, ses fusils et sa meute,
ne poursuive à la trace un gibier débusqué

que talonnent les chiens, que déroutent les cris,
et qui tombe, affolé, blessé, assourdi,
las de fuir, pris de peur, et qui meurt.


Hiver

Grelotter sous la bise et la neige glacée,
trouer les tourbillons d'un vent fort et méchant,
fouler le sol durci en le battant des pieds,
trembler transi de gel, tout en claquant des dents ;

passer au coin de l'âtre des heures tièdes et calmes
quand la pluie au dehors déverse des torrents,
marcher sur le verglas à petits pas prudents
et faire demi-tour par crainte de chuter ;

s'élancer, tournoyer, tomber dans la glissade,
repartir plein d'entrain, virevolter gaiement
si la glace tient bon sans nulle craquelure ;

entendre s'engouffrer aux portes boréales
vents du Nord, vents de l'Est, en ouragans déments:
tel est l'hiver, telles les joies de la froidure.



(traduction: Claire Papageorgiadis)

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